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« So Frenchy… » ?

#EMSummer2024 7/XX

Les quotas* français…

Rien que cette phrase mériterait un bouquin tellement ils ont pourri la vie des programmateurs français (et ça continue…).

Grâce aux radios commerciales, dans les années 90, des artistes déjà connus ont pu acheter des « maisons dans le Luberon » grâce à la diffusion de leurs nouveaux titres, privilégiés par les programmateurs par rapport à ceux des nouveaux artistes.

Ces quotas ont fait la fortune et la carrière de ces artistes établis mais qui étaient de ce fait sur-multi-diffusés. D’ailleurs, certains de leurs singles ne seraient jamais passés à la radio si ces quotas n’avaient pas existé…

Quid des « petits artistes / nouveaux talents » ? Ils ont un temps été relégués « en décro. » ou à des heures sans trop de risques, ou encore dans un « Top français » situé à un endroit de la grille où l’on savait que les 1/4 d’heures seraient très faibles…

Pourrir un coin de la maison au lieu de toute la maison.

[Le système des quotas a évolué avec le temps. Je vous épargne les détails et non, je ne donnerai pas de noms ! L’idée n’est pas de dire du mal d’artistes connus ou en devenir mais de parler des incohérences de ce métier].

Certains plus chanceux seront diffusés en fonction d’accords entre les maisons de disques et les programmateurs. « Tu veux l’exclusivité sur Rihanna, alors tu me rentres « Jean-Mich. LEXOMIL et sa guitare » et on est ok ».

Puis, MySpace est arrivé et chacun pouvait diffuser sa propre musique. Certains se sont fait connaître du public par ce biais. Comme nous étions en prise directe avec les vraies audiences, j’avais proposé au Boss d’Europe 2 de l’époque de faire un Hit MySpace général ou français pour « Happy Rock Hours ».

Il a dit non.
Quelques mois plus tard, une autre radio le faisait…

Puis (avance très rapide) sont arrivés Spotify, Deezer et  Music.
Au lieu de négocier avec des centaines de radios en France, les artistes doivent aujourd’hui surtout dealer avec 3 diffuseurs mondiaux…

Il est donc encore plus dur de sortir du lot, quand on sait que + de 120 000 nouveautés sortent dans le monde, par jour.

Avant d’arriver à aujourd’hui et à l’objet de la playlist, on est passé par des chanteurs qui venaient nous chanter leur dépression en faisant « pling pling » avec une guitare, prenant un air triste et constipé en chantant, parce que » tu comprends, quand je chante mes mots, je souffre vachement, tu vois ? »

Nous aussi on a souffert, en écoutant ces chanteurs « ayant un univers bien à eux ». Le nombre de m*rd*s qu’il faut écouter pour trouver un titre diffusable…

Tout cela nous amène à aujourd’hui… La nouvelle chanson francaise, qui va de Mathilde à Lord Esperanza en passant par Saint-Honoré ou L’Impératrice. Ils forment une nouvelle génération de chanteurs ou DJ remixeurs français d’aujourd’hui, globalement « électro-pop » (une sorte de « Week-End à Rome » de Daho, version tasée 2024). Tendance funk pour Yuksek et L’Impératrice, chanson réaliste/populaire pour Mathilde.

Voix sexy, homme ou femme, avec des textes qui ont du sens dans un style 2024. L’un des plus beaux exemple étant (pour moi) Alastair Lane & Sarah Denny « Roman d’Amour ».

Sur RTV, nous respectons un quota de 35 % de titres français, en accord avec l’Arcom. L’urbain occupe moins de place [ON AIR] par rapport aux radios commerciales. Cette orientation nous permet de découvrir des titres vraiment inédits, avec parfois seulement 1 ou 5 Shazams ! De l’air frais !!

Ensuite, c’est un plaisir d’entendre ces mêmes morceaux être diffusés quelques semaines plus tard sur des radios nationales.

À 90 %, voici ce que vous entendrez sur RTV : « RTV So Frenchy »



*Les quotas de chansons françaises à la radio ont été introduits pour la première fois en 1986 avec la loi du 30 septembre 1986, dite « loi Léotard », sous le gouvernement de Jacques Chirac. Cette loi portait sur la liberté de communication, et elle instaurait des obligations pour les radios en termes de diffusion de musique francophone.

C’est la loi Toubon de 1994 qui a renforcé et précisé ces quotas en imposant que 40 % des chansons diffusées sur les radios soient d’expression française, dont la moitié au moins provenant de nouveaux talents ou de nouvelles productions. C’est souvent cette dernière loi qui est la plus citée lorsque l’on parle des quotas, car elle a rendu ces obligations plus strictes et détaillées.

Par Éric Madelon

Collaborateur Parlementaire au Sénat de Dominique VÉRIEN, Sénatrice de l’Yonne ~ Fondateur de Eric MADELON Communications ~ Président de RTV 95.7

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